En Martinique, Royal avocate passionnée d'une "France métissée"

Publié le par Hussein NABRI

Ségolène Royal, candidate socialiste à l'Elysée, s'est présentée vendredi à Fort-de-France (Martinique) en championne d'une "France métissée", renvoyant implicitement son adversaire de droite Nicolas Sarkozy dans le camp des héritiers du "colonialisme". Alors que les coups portés par l'UMP pleuvent sur elle, Mme Royal, forte des démonstrations de soutien de la gauche martiniquaise, a tenu un discours de combat devant environ quatre cents partisans massés sous la halle du marché du chef-lieu de l'île. Elle devait tenir à La Trinité (nord de la Martinique) une réunion publique devant plusieurs milliers de personnes dans la soirée. "Les souvenirs refont surface (...), mon combat retrouve tout son sens", a déclaré la candidate, qui a passé trois années de son enfance à la Martinique. "Vous pouvez compter sur moi, je suis une femme debout", s'est-elle écriée, galvanisée par le public. Sur cette île où Nicolas Sarkozy avait dû renoncer à venir en 2005 devant la colère locale contre la loi sur "le rôle positif" de la colonisation -il était finalement venu quelques mois plus tard-, Ségolène Royal a clamé haut et fort ses valeurs, se rangeant dans le camp du progrès face au "néo-colonialisme". "Le métissage est une chance pour la France. Je serai la présidente de la République de la France métissée", s'est-elle exclamée, prônant "une république accueillante à tous les siens et qui ne tolère plus aucune discrimination". Mme Royal a rappelé qu'en 1978, lors d'un stage à la préfecture de Fort-de-France à sa sortie de l'Ena, elle avait demandé à rencontrer Aimé Césaire, une visite qui lui fut, a-t-elle dit, "interdite" par "l'Etat français et la droite de l'époque". Cette France-là "a-t-elle vraiment changé ?", s'est-elle demandé. Elle a fait allusion à la violente polémique qui l'oppose à M. Sarkozy autour de l'enquête des RG sur un membre de son équipe de campagne. "Cette demande de rendez-vous a du être inscrite sur ma fiche des Renseignements généraux", a-t-elle ironisé. Faisant plusieurs fois référence à l'ancien président François Mitterrand, Mme Royal s'est faite l'avocate intransigeante de "la République du respect", célébrant "la liberté, l'égalité, la fraternité", mais aussi "le respect des identités". Auparavant, Ségolène Royal avait été adoubée par le poète Aimé Césaire, figure de l'anti-colonialisme et fondateur du Parti progressiste martiniquais (PPM, autonomiste). En dépit de ses 96 ans, le chantre de la négritude a tenu à raccompagner Mme Royal sur le perron de l'ancien Hôtel de Ville, après un bref entretien. Aimé Césaire, qui avait aussi reçu M. Sarkozy, lui a exprimé sa "confiance", disant son "espérance" en sa victoire en mai prochain. "Chacun de ses mots pèse", a relevé le maire de Fort-de-France Serge Letchimy, lui aussi du PPM. Le successeur d'Aimé Césaire a a apporté un soutien clair à Mme Royal. "Nous te soutenons fortement, massivement", a-t-il dit. Il a appelé les Martiniquais à voter en masse en avril-mai, alors que la participation n'avait pas franchi 40% à l'élection de 2002. "Il faut aller voter, sortir de chez vous", les a-t-il adjurés. La visite de Mme Royal avait commencé par la visite du Couvent Saint-Joseph de Cluny, où elle a été élève. Si ce n'est que l'établissement privé est devenu mixte, rien ou presque n'y a changé: des écolières en chemisier blanc et jupe écossaise plissée, comme il y a 45 ans, ont entonné une chanson sur un air de comédie américaine. "Nous sommes enchantées", ont-elles fredonné. Source: AFP FORT-DE-FRANCE (AFP) 19:49

Publié dans segmond500

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B
Comme Ségolène Royal j'ai passé une partie de mon enfance dans une de "nos terres lointaines", l'Indochine alors. Comme elle je suis marqué par les couleurs des paysages et des marchés et leurs odeurs. Quand, à l'âge de la formation de l'être on a vécu outre-mer, on est marqué à vie par la terre et par les humains.<br /> Comme elle, je reste marqué par l'immense malentendu qui s'est produit à la fin des années 40 où la FRANCE a trahi ses promesses, parce que le pouvoir avait échappé aux politiques.<br /> Aujourd'hui, oui, la France est métissée et c'est sa force et je suis heureux que ce soit la candidate du Parti socialiste qui le dise. Il faut maintenant faire entrer ce fait dans la réalité quotidienne et Ségolène Royal prend un grand risque en voulant se faire le chantre de cette nouvelle France qui émerge. Elle a besoin de tout notre soutien. Puissions-nous par delà nos difféerences le lui apporter.<br />  
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