AC le feu reçoit Ségolène Royal

Mohamed Mechmache, président du collectif AC le feu, a rencontré ce matin Ségolène Royal à l'occasion du déplacement de la candidate à Clichy-sous-Bois. Interview par Anna Borrel paru dans: http://www.marianne2007.info Mardi 27 Février 2007

Ségolène Royal et Olivier Besancenot se sont rendus ce matin à Clichy-sous-Bois, pour rencontrer le collectif AC le feu (collectif liberté, égalité, fraternité, ensemble). Tous deux ont signé le cahier de doléances, élaborés par l'association à partir d'une enquête de terrain menée auprès de 20 000 habitants des quartiers sensibles. Le 3 mars, ce sera le tour de Marie-George Buffet de rencontrer AC le feu, puis, dans le courant du mois, de José Bové et Arlette Laguiller. Le président et fondateur du collectif, Mohamed Mechmache, nous explique sa démarche.
Marianne2007.info : Ségolène Royal a-t-elle répondu ce matin à vos attentes ?
Mohamed Mechmache : On attend que les politiques fassent des banlieue une priorité, qu'ils montrent qu'on peut leur faire confiance, pour que ça ne recommence pas comme en 2005. Ségolène Royal s'est engagée sur des mesures que nous lui proposions, à partir d'une enquête réalisée sur le terrain. Le contrat est signé, il faudra maintenant qu'elle rende des comptes. Olivier Besancenot, lui, nous a assuré que, même s'il y a peu de chance qu'il soit président, il soutiendrait notre combat.
Elle a pourtant émis des réserves sur certaines de vos propositions…
C'est normal. Sinon, ce serait de la démagogie et là, attention au retour de manivelle ! Elle s'est engagée sur certaines mesures, notamment sur le logement. En ce qui concerne l'emploi, quand elle précise qu'elle ne fera rien sans consulter les partenaires sociaux, on ne peut pas le lui reprocher.
Les mesures que vous préconisez – plus de logement social, une assistance étatique accrue – semblent mieux correspondre aux programmes des candidats de gauche que de droite…
Ces mesures sont issues d'une synthèse, à partir d'une consultation de plus de 20 000 personnes. Si c'est cela que les gens veulent, on ne va pas transformer leurs propos. Mais que ce soit clair : nous ne sommes pas partisans ! Notre démarche est républicaine. Nous souhaitons pouvoir discuter avec tous les candidats ! D'ailleurs, on attend toujours les candidats de droite…
Justement, Nicolas Sarkozy, le candidat de l'UMP, est partisan de la discrimination positive pour résoudre les inégalités. Est-ce que cela vous paraît pertinent ?
Pas du tout. C'est une forme de racisme à l'envers. Si l'on met en place la discrimination positive, ce sont les types qui s'appellent Paul ou Pierre qui vont s'en sentir victimes, plutôt que ceux qui s'appelle Mohamed ou Leïla. Parmi les personnes qu'on a interrogées, certaines sont pour le CV anonymes. Mais beaucoup plus nombreux sont ceux qui souhaitent simplement que cesse toute forme de discrimination.
Du côté de l'UDF, François Bayrou a avancé l'idée de mettre en place des zones franches dans les quartiers sensibles pour inciter à la création et l'implantation d'entreprises…
Mais il y en a déjà plein, des zones franches ! Vous pouvez en rajouter tant que vous voulez, ça ne sert à rien. Les entreprises installent leur siège en banlieue pour bénéficier des aides, mais elles n'embauchent jamais les gens qui y habitent. C'est totalement inutile.
D'autres associations, d'autres collectifs ou personnalités prétendent représenter les quartiers. En quoi AC le feu est-il légitime ?
Notre collectif est en relation avec plus de 300 associations, partout en France. Nous avons réalisé cette enquête après les émeutes de 2005 auprès de 20 000 personnes, et depuis 20 000 de plus nous ont contactés. Nous ne représentons pas encore tout le monde, mais nous invitons tous les collectifs et toutes les associations à nous rejoindre et à se fédérer pour que les zones sensibles soient représentées et deviennent une priorité pour la classe politique.